Alors que le besoin d'une coopérative dans la Première Nation d'Attawapiskat devient de plus en plus évident, nous relevons le défi !
La semaine dernière, du 21 au 26 novembre, nous avons effectué notre troisième visite dans la Première Nation d'Attawapiskat, une communauté nichée près de la baie d'Hudson, dans le nord de l'Ontario. Possédant autrefois tous les attributs d'une ville minière, Attawapiskat ne conserve que son isolement et un fort sentiment d'appartenance au sein de la communauté. Pas une seule fois au cours de notre visite notre contact sur place ne connaissait pas un visage ou oubliait un nom, et les liens étroits qui unissent les habitants étaient rendus encore plus évidents par les regards curieux et les questions posées que suscitait notre simple présence.
Rien de plus normal pour un endroit où tant de mal a été fait par des gens qui nous ressemblaient. Lors de notre première rencontre avec le Conseil de Bande nouvellement élu (devenue réunion impromptue en raison de l'intérêt que notre visite a suscité), notre bonne volonté a été mise à mal par la réalité que nous a exposée l'une de ses membres : « Pourquoi voulez-vous nous aider ? Quand les gens de l'extérieur viennent ici, ils prennent ce qu'ils veulent et ils s'en vont » .
C'était là, posé clairement et sérieusement devant nous : l'un des principaux objectifs de notre semaine là-bas. Plus que d'expliquer le modèle coopératif, nous devions d'abord rassurer la communauté sur le fait que la raison de notre présence s'alignait avec leur intérêt. Nous sommes venus ici à la demande d'un certain nombre de leurs membres pour les appuyer. C'est en distribuant de nombreux cafés, en faisant du porte-à-porte, et en organisant une session de libre antenne à la radio que nous avons enfin eu l'opportunité d'expliquer ce que nous venions faire ici avec eux.
Le bail de 25 ans pour le bâtiment du magasin Northern arrivant à échéance, le moment est venu pour la Première Nation d'Attawapiskat de prendre en main son destin et d'obtenir un meilleur accord. Le Northern Store étant le principal magasin du village (95 % de la part de marché !), ses produits et ses prix sont en eux-mêmes le facteur critique de leur bien-être économique et de leurs perspectives de développement. Sa conversion en coopérative pourrait être une bouée de sauvetage, un moyen global pour la communauté de prendre le contrôle de l'afflux de marchandises, de prendre des décisions sur le mode et le moment de leur arrivée, sur les produits essentiels et ceux qui ne le sont pas, avec une expertise locale trop souvent négligée, par des décideurs qui ne connaissent pas les réalités de la communauté.
Bien qu'accueillies par une approbation quasi-unanime, ces affirmations ont suscité beaucoup de questions, d'inquiétudes et de craintes, toutes parfaitement valables. « Les gens ne connaissent pas le modèle ! » , « Que vont devenir les employés ? » , « Et si le projet ne fonctionne pas ? » . Un autre rôle de notre délégation, probablement l'un des plus importants, se dessinait maintenant : nous devions informer tout le monde des avantages du modèle coopératif. Après tout, il ne pouvait pas être mieux accueilli que dans un endroit où, depuis des temps immémoriaux, les valeurs de coopération, de partage et de solidarité face à l'adversité étaient sacrées et appliquées dans toutes les facettes de la vie !
Marie-Anne, une aînée que nous avons rencontrée et qui a vécu toute sa vie dans la communauté, a dit qu'elle avait beaucoup aimé l'essai d'une coopérative dans les années 70. Elle se souvient de l'époque où un vent d'énergie animait la ville. Elle souhaite que les jeunes aient des emplois, un plus grand choix d'aliments et, de manière générale, que les choses changent dans la communauté, afin qu'il y ait une nouvelle force motrice.
Une autre aînée, Pauline, a déclaré qu'elle avait contribué à rassembler la communauté en 1998 pour construire la belle arène qui accueille tous les événements importants de la ville. Avec Reginald Loutitit, qui a donné son nom au bâtiment, elle a organisé des collectes de fonds et motivé les habitants à se rassembler pour un objectif commun. Malheureusement, Reginald n'a pas vécu pour voir se construire le fruit de ses efforts infatigables. « Je veux voir la coopérative se réaliser de mon vivant, » dit-elle. « Je veux qu'elle se réalise. Si nous avons rassemblé la communauté une fois, nous pouvons le faire à nouveau. »
Le CCO est à mi-chemin d'un projet de mise en œuvre d'un projet coopératif qui devrait voir l'ouverture d'une nouvelle coopérative de consommation dans la Première Nation d'Attawapiskat. L'un des principaux objectifs de cette troisième visite, à savoir être accepté et encouragé par le Conseil de Bande nouvellement élu, a été atteint. Le second, la création d'un comité directeur qui aidera à sensibiliser la communauté à la coopérative et à ses implications, est également en bonne voie. Initialement invité en février 2022, le CCO est maintenant profondément engagé à mener ce projet à bien. Nous sommes honorés par le mandat que la communauté d'Attawapiskat nous a confié par l'intermédiaire de son ancien Conseil, et tout aussi reconnaissants de l'opportunité continue que le nouveau Conseil nous a offerte. Nous continuerons à rendre visite à la communauté, avec neuf autres visites prévues, et nous voulons préciser que le choix final appartient uniquement à la Première Nation d'Attawapiskat. Quelle que soit l'issue, nous veillerons à ce que la Première Nation tire le meilleur parti de la situation et ait l'occasion d'obtenir de meilleurs prix et le meilleur avenir possible pour la réserve dans son ensemble.
As the need for a co-op in Attawapiskat First Nation becomes more evident, we step up to the challenge!
Last week from the 21 to the 26 of November, was our third visit to the Attawapiskat First Nation, a community nestled in the Hudson Bay in Northern Ontario. Once possessing all the attributes of a mining town, Attawapiskat is only left with its isolation and a strong sense of community. Not once during our visit was there a face unknown or a name not remembered by our contact there, and their tightly knit links were made more evident by the curious stares and inquisitive questions our mere presence raised.
Nothing is more normal in a place where so much harm was done by people who looked just like us. During our first meet and greet with the newly elected Band Council (turned into an impromptu meeting due to the sheer interest our visit triggered), our goodwill was put in check by the reality exposed to us by one of its members: “ Why do you want to help us? When people from outside come here, they take what they want, and they go.”
There it was, laid plainly and earnestly in front of us: one of the main goals of our week there. More than explaining the co-op model, we first had to reassure the community that the reason for our presence was in line with their interest. We came here at the behest of a number of their members to support them. It was by handing out many coffees, going door to door, and organizing a radio talk show that we finally had the opportunity to explain what we were doing here with them.
The 25-year lease of the Northern Store building is coming to an end, and now is a crucial time for the Attawapiskat First Nation to get ahold of their destiny and get a better deal. The Northern Store being the main store in the village (95% of market share!), its products and prices are in themselves the critical factor of their economic well-being and development prospects. Its conversion into a co-op could be a lifeline, an all-encompassing way for the community to take control of the influx of merchandise, make decisions about how and when it is set to arrive, what products are essential and what others are not, supported by a local expertise that was too often overlooked, by deciders who did not know the realities of the community.
Although met with quasi-unanimous approval, these assertions brought a lot of questions, concerns and fears, all of them entirely valid. “People don’t know the model!”, “What will happen to the employees?”, “What if the project doesn’t work?”. Another one of our delegation’s roles, probably one of the most important, was now emerging: we had to inform everyone about the benefits of the co-op model. After all, nowhere could it be more well-received than in a place where since time immemorial, the values of cooperation, sharing, and solidarity in the face of adversity were held sacred and applied in all facets of life!
Marie-Anne, an elder we met who has lived her whole life in the community, said she liked it a lot when a co-op was tried there in the 70s. She fondly remembers the time when a wind of energy animated the town. She wants young people to have jobs, a greater choice of food, and generally, for things to change around the community, so there is a new driving force around.
One other elder, Pauline, said she helped bring the community together in 1998 to build the beautiful arena that hosts all the important events in the town. Along with Reginald Loutitit, who gave the building its name, she held fundraisers and motivated the inhabitants to come together for a common goal. Sadly Reginald didn't live to see the fruit of its tireless efforts built. “I want to see the co-op happen while I’m alive. I want it to happen. If we brought the community together once, we can do it again."
The CCO is halfway through a co-op implementation project that should see a new consumer co-operative open in the Attawapiskat First Nation. One of the primary goals of this third visit, being accepted and set on our way by the newly elected Band Council, was met. The second one, creating a steering committee which will help raise co-op awareness and implications throughout the community, is also well on its way. Initially invited in February 2022, the CCO is now deeply committed to seeing this project through. We are honoured by the mandate the Attawapiskat community bestowed upon us through its former council and equally thankful for the continued opportunity the new council offered us. We will continue to visit the community, with nine more scheduled visits, and want to make clear that the final choice is the choice of the Attawapiskat First Nation alone. Whatever the outcome, we will make sure the First Nation secures the best deal out of the situation and gets the best opportunity for better prices and the best possible future for the community as a whole.